Notre société actuelle arrive à un point où elle devient impossible de la gérer de manière efficiente avec les méthodes habituelles : autocratie ou démocratie, difficile de trouver les formes de management appropriées. En instaurant un peu plus de discipline, les dirigeants sont traités de dictateurs. En laissant un peu plus de liberté, ils seront accusés de laxisme.
La sociocratie apparaît alors comme une alternative pour le manager de demain.
Qu’est-ce que la Sociocratie ?
La sociocratie est un mode de gouvernance qui permet à un groupe de personnes de collaborer et de fonctionner efficacement. La base de la sociocratie est la liberté et la co-responsabilisation de tous. Chacun doit accepter que les points de vue puissent diverger, mais l’intelligence collective du groupe lui permet de rester fonctionnel et productif. La sociocratie est un travail collaboratif.
Etymologiquement, « Sociocratie » vient du latin societas (compagnon, société) et du grec kratein (autorité, gouverner). La différence avec la démocratie c’est que cette dernière signifie que le peuple détient le pouvoir. Or, ce peuple en question n’a aucun lien entre eux. Dans la sociocratie, le pouvoir est à la société dont les membres partagent entre eux des valeurs et des relations significatives.
Dans le monde des affaires, la sociocratie est assimilée à un type de management collaboratif. C’est un ingénieur Hollandais du nom de Gerard Endenburg, qui l’a créée vers la fin des années 1960. A la base, il voulait diriger sa société en privilégiant les relations humaines et en instaurant des pratiques collaboratives.
La sociocratie repose sur quatre règles fondamentales :
- La décision par consentement
Toute décision doit être prise par un consentement libre et éclairé. Elle n’est effective que s’il n’y a aucune objection. Une personne peut émettre une objection si elle juge que la décision l’empêche d’accomplir correctement sa tâche. Cette personne devrait ensuite participer à la recherche d’une solution alternative.
- Les cercles
Les cercles sont des lieux d’échange et de brainstorming. Ils sont connectés entre eux et organisent les règles de fonctionnement de l’entreprise. Tous les membres de l’entreprise appartiennent à au moins à un cercle.
Chaque cercle est responsable de la définition de sa mission pour atteindre les objectifs définis par les membres du cercle du niveau supérieur.
- Le double lien
Contrairement à une organisation pyramidale, un cercle est relié au cercle de niveau immédiatement supérieur par deux personnes distinctes. L’une est désignée par le cercle de niveau supérieur pour le représenter au sein du cercle de niveau inférieur. Et une autre est choisie par le cercle de niveau inférieur pour le représenter au sein du cercle de niveau supérieur.
- L’élection sans candidat
Quand il s’agit de choisir une personne pour occuper une fonction, un cercle sociocratique procède à une discussion ouverte et argumentée aboutissant à une nomination par consentement. Il n’y a donc pas de votes.
Les avantages et les inconvénients
L’application de ce style de management offre des avantages mais elle apporte aussi son lot d’inconvénients.
Les avantages de la sociocratie :
La sociocratie favorise l’auto-organisation, ce qui élimine les réunions de recadrement et de rappel à l’ordre.
Elle développe le leadership en éliminant dès le départ tout sentiment de rivalité. Elle favorise plutôt l’esprit de collaboration et incite les collaborateurs à travailler ensemble pour renforcer l’esprit d’équipe.
Elle permet la mise en place d’une ligne directive connue de tous qui va faciliter la continuité organisationnelle.
Elle fait appel à l’intelligence collective pour faire émerger des solutions innovantes,
Elle permet d’optimiser les dépenses et de n’acquérir que ce que le groupe estime essentiel.
Elle permet la mise en place d’outils de travail colllaboratifs.
Elle intensifie les relations gagnant/gagnant entre les managers et le personnel, accroît l’esprit d’appartenance à l’entreprise, et améliore la qualité de vie au travail.
Les inconvénients de la sociocratie
La sociocratie demande une planification méthodique de son déploiement et nécessite un temps d’adaptation du personnel à ce nouveau concept.
Le processus de prise de décision peut prendre du temps avant que tous les concernés l’acceptent à l’unanimité.
La sociocratie engendre des débats, qui parfois s’éternisent quand chacun campe sur sa position et ne se base plus sur le concept.
Elle peut dérouter certaines personnes qui n’ont pas le sens de la responsabilité. Elle peut également cumuler des frustrations chez celles qui ne savent pas exprimer leurs idées ou qui ne sont pas habituées à prendre une décision.
La réussite de l’entreprise dans l’adoption de ce mode de management dépend beaucoup des capacités managériales et du coaching du manager, qui va plutôt prendre le rôle de facilitateur.