L’entreprise est un marché, organisé par une personne physique ou morale : l’entrepreneur.
1. Le propre de l’entreprise est d’acheter pour vendre
Un particulier qui, à l’occasion, achète pour vendre crée de ce fait une entreprise, aussi éphémère qu’elle puisse être. Que l’administration fiscale la reconnaisse, ou non, en tant que telle n’y change rien. Les associations à but non lucratif qui, en sus de leurs activités principales, achètent pour revendre exploitent à ce titre une entreprise, comme le fait une paroisse qui achète des bougies qu’elle revend.
2. Le propre de l’entreprise fait d’elle un marché
Ce n’est pas pour autant que tout marché est une entreprise. L’organisation et la police d’un marché, tant local ou national qu’international, échoient souvent à la puissance publique sans qu’elle ne soit tenue d’en faire l’objet d’un commerce. Le marché du travail et les marchés de placement sont notamment des institutions de cette sorte à raison des dispositions législatives qui les régissent.
3. Sur le marché que toute entreprise constitue, les échanges marchands sont entre elles, l’entreprise et plusieurs rôles économiques
Dans ces rôles se trouve celui des apporteurs de capital, celui des travailleurs embauchés par l’entreprise, ceux des autres fournisseurs, celui des clients. Cela fait de toute entreprise destinée à durer un pôle de marchés.
4. À la tête d’une entreprise, il y a une personne, physique ou morale : l’entrepreneur
Quand l’entrepreneur est l’unique propriétaire de l’entreprise, l’usage est de dire cette dernière individuelle ou en nom personnel. Cependant, l’entreprise est souvent une personne morale, à savoir une association à but commercial ayant une raison sociale (un nom), un domicile, la capacité d’ester en justice et d’acquérir un patrimoine. Dans ce cas, l’entrepreneur ne possède soit rien de l’entreprise soit qu’une plus ou moins grande part.
Les entrepreneurs sont des individus ou des associations ad hoc. Les épargnants sont des individus et d’autres associations à but non commercial, dont des familles et des fondations. Les travailleurs rémunérés en salaires au plein sens économique de ce mot sont des individus, rien que des individus.
5. L’entrepreneur et l’entreprise ne font pas qu’un
L’entrepreneur, quel qu’il soit, a des buts et les fait évoluer quand bon lui semble. L’entreprise, qui est une chose, n’en a pas. Quand on dit d’elle qu’elle en a, il s’agit toujours soit de ceux d’un entrepreneur individuel ou collectif (société), soit de ceux qu’on attribue à tort ou à raison à l’entrepreneur.
J’ai placé en parts de capital social de l’entreprise E. Je suis, virtuellement ou réellement, membre d’un corps social qui est l’entrepreneur dont procèdent toutes les délégations de pouvoir au sein de l’entreprise E. Ce corps social a, comme l’entrepreneur individuel, les buts qu’il décide et qu’il fait évoluer comme bon lui semble. Les économistes qui se croient autorisés à dicter aux entreprises et à la société tous les buts qu’ils affirment attentent à une liberté fondamentale, on ne le répétera jamais trop tant que cet abus perdurera.
6. La société S est juridiquement propriétaire d’une pommeraie
La décision du mode d’exploitation appartient aux détenteurs de parts du capital social de S. La décision de vendre la pommeraie leur appartient également. La qualité de personne morale ne confère aucune autonomie par rapport aux détenteurs des parts de son capital social, en principe.
En principe seulement ? Un chef d’entreprise est recruté. Un salaire est négocié avec lui. La délégation de pouvoirs lui est donnée. Les pouvoirs effectifs des sociétaires peuvent s’en trouver réduits, mais si cette réduction devient effective, elle résulte d’un abandon et d’un abus. Les sociétaires auront abdiqué d’une partie de leurs pouvoirs. Le chef d’entreprise aura abusé des pouvoirs qui lui ont été délégués. Le refus d’une obligation de discipline perdurera : celle des pleins échanges économiques, concept que la théorie objective des prix dégage, ainsi que nous allons le constater.
7. L’entreprise est aussi propice à la poursuite de visées personnelles
L’entreprise est tout aussi propice à l’exercice de dévouements que l’administration publique, l’intégralité de son personnel élu compris et que les associations privées dont l’objet principal n’est pas commercial.